Quand j’étais petite, ma mère me racontait les histoires de sa fascinante enfance à la campagne. Je me souviens encore de l’attention avec laquelle je la suivais et de la façon dont elle parvenait toujours à me faire imaginer tout ce qui se passait.
Ce qui m’impressionnait le plus, c’était la vie de ses grands-mères, de simples paysannes avec beaucoup d’enfants, extrêmement fidèles et sages. J’aimais entendre ma mère parler d’elles avec tant de douceur : je sais que l’une était blonde aux yeux bleus, à la peau très claire et avec des taches de rousseur (ma mère se souvient parfaitement des taches de rousseur sur sa main), et que l’autre était tout à fait à l’opposé sur le plan physique : créole, avec des cheveux longs noirs et des yeux foncés. Toutes deux avaient vécu une vie dure, avec de nombreux problèmes de santé et 4-6 enfants à élever en plus.
L’article d’aujourd’hui ne porte pas sur elles, les grands-mères de ma mère, mes arrière-grands-mères, mais sur l’arrière-grand-mère de ma mère et mon arrière-arrière-grand-mère, car sa vie (malheureusement courte) m’a vraiment impressionnée. Cette femme, une simple paysanne, venait des environs de Brasov, de Montagnes de Făgăraș pour être exact. Ma mère m’a raconté comment, lorsqu’ils ont été déportés et mis dans des charrettes, son arrière-grand-mère, la mère de la grand-mère paternelle de ma mère, a regardé derrière elle les montagnes qui se rétrécissaient et a pleuré jusqu’à la plaine où ils ont été amenés. Pour cette femme, le passage de la montagne à la plaine ne lui a pas seulement coûté un long voyage de plusieurs heures et l’abandon de nombreux biens matériels et animaux, mais sa vie même.
Ma mère m’a raconté aussi comment sa grand-mère paternelle (mon arrière-grand-mère) a dû devenir la mère de ses quatre jeunes frères à partir de l’âge de 19 ans parce que leur mère est morte jeune et n’a pas pu s’adapter au changement d’environnement lorsqu’elle a été déportée des montagnes vers les plaines.
Peut-être mon article aurait-il dû s’intituler „Vous vous adapterez, vous ne mourrez pas”, en vous laissant le soin de placer la virgule à l’endroit qui vous semble le plus approprié, mais seulement après avoir lu l’article dans son intégralité.
Au fil des années, j’ai également compris pourquoi, après avoir rencontré mon mari, nous avons choisi de nous échapper de Bucarest à Brasov si souvent les week-ends.
Cette histoire vraie de ma famille m’a tellement marquée et j’ai fini par m’installer dans la ville de mes rêves, Brasov, près de l’endroit où mes ancêtres sont nés et ont vécu pendant un certain temps.
Je pense qu’aujourd’hui, mon arrière-arrière-grand-mère, là où elle se trouve, regarde avec tendresse ses arrière-arrière-arrière-petits-enfants et se réjouit que son sacrifice et son amour infini pour cette terre de montagne sacrée de Roumanie, à l’air pur, aux grands sapins et au ciel dégagé, aient pu être transmis à travers tant de générations.
Et vous? Que savez-vous de vos arrière-grands-parents ?
L’article en langue roumaine – Radacini, a été écrit en 2018.