C’est le son d’ouverture du jeu. Vous ne regardez pas l’horloge, vous sautez dans le champ, au cœur de l’action. Le terrain est vide. Le ballon est là, en place, le goal est là, mais vous êtes le seul joueur. Vous n’avez pas de coéquipiers, pas de gardien, pas d’arbitre et, pire encore, pas de remplaçants. Vous n’avez même pas d’équipe de pom-pom girls, car si vous en aviez, vous auriez de l’empathie et le jeu serait beaucoup plus simple.

Vous commencez à courir en sachant qu’au premier but, vous marquez pour l’enfant et qu’au deuxième but, vous marquez pour vous-même. Vous avez le ballon au pied et vous êtes consciente qu’à chaque but que vous mettez dans vos propres filets, vous cochez quelque chose de plus sur votre longue liste.

Vous courez, vous courez sur tout le terrain. À un moment donné, vous sentez des sueurs froides couler le long votre dos. Vous êtes tellement occupée à marquer but après but que vous ne vous arrêtez même pas pour chercher à savoir si c’est de la sueur ou de la pluie. Vous courez sans relâche et vous vous réjouissez de chaque but marqué par les deux équipes. Il ne s’agit pas d’une compétition dans laquelle il faut frapper plus de ballons, car ce que vous devez faire pour votre enfant n’est pas du tout en concurrence avec ce que vous devez faire pour vous-même.

Vous continuez à courir même si vous sentez la fatigue se faire de plus en plus présente. À un moment donné, au lieu de frapper la balle, votre pied droit frappe votre pied gauche, parce que c’est ce que c’est d’être une mère dans les premiers jours et même plus tard, vous frappez encore votre pied gauche à droite. Ou l’inverse.

Vous ne pouvez pas vous permettre de vous arrêter, vous laissez tomber la douleur dans votre pied et vous courez vers le ballon pour marquer un autre but. Puis vous repoussez les limites et tentez un autre tir de loin. Le but ne compte plus: vous voulez faire le maximum à chaque match, mais hélas… vous n’arrivez pas à marquer car le ballon frappe la barre. Votre moral en prend un coup pour ces quelques centimètres alors que le ballon a été dévié. Vous rejetez la faute sur le vent et essayez de frapper avec la tête sur le prochain tir. Après avoir frappé le ballon et constaté qu’il allait là où il voulait aller, et non là où votre tête voulait qu’il aille, vous vous dites : à quoi ai-je pensé ? Non, clairement, je ne veux plus de coups de tête, j’ai besoin d’elle pour des choses plus sérieuses : pour quand les enfants grandiront davantage, vous connaissez le dicton „grands enfants, grands problèmes”

On repart à zéro. Au moment où vous êtes sur le point de recevoir un super coup de pied, vous entendez le sifflet. C’est la fin de la mi-temps… déjà, vous vous demandez. Ce n’est pas la fin du match, pas encore, c’est juste la fin du premier tour. Maintenant, vous comptez les buts, vous faites encore des statistiques, vous buvez de l’eau si vous ne l’avez pas oublié, vous revoyez les phases, vous pensez à ce qui n’a pas marché et au nombre de buts que vous avez atteints, et vous vous promettez qu’après la pause, vous parviendrez à mieux faire.

Oh, n’oubliez pas votre stratégie! Vous pourriez avoir quelque chose à changer. Avec eux, avec vos enfants (vous êtes une maman, vous n’avez pas oublié, n’est-ce pas ? ). Cette pause se traduit par une sieste à midi. C’est cette pause où les enfants sont enfin endormis à midi et où vous avez une heure ou deux pour vous tout seule. Cela dépend du jour et… des enfants.

Vous entendez à nouveau le coup de sifflet indiquant que le dernier tour a déjà commencé et vous, bien que vous n’ayez pas eu le temps de changer de chemise ou de prendre une douche, vous courez à nouveau d’un but à l’autre, vous faites à nouveau des fautes, vous croisez à nouveau un but et ce n’est toujours pas un but, c’est une barre transversale.  

Votre maillot commence à se tendre dans vos biceps. Vous vous demandez, sans vous arrêter de courir, si vous n’avez pas pris du poids à cause du chocolat que vous avez mangé à minuit. Puis vous vous rappelez, très vite, que vous avez soulevé votre/vos bébé(s) tellement de fois qu’il est impossible que vous gardiez vos muscles d’avant la maternité. Mais vous êtes contente, c’est bon, vous vous dites, un peu de forme et de force ne fait pas de mal, même si une femme avec des biceps solides ne semble plus si féminine.

Après avoir couru tout le match, à la fin du match, alors qu’il ne vous reste que quelques minutes, vous vous mettez à rêver d’un carton rouge. Vous ne rêvez même pas d’être emporté par l’Ambulance pour cause d’épuisement, vous rêvez du fauteuil du dentiste qui vous sortait de la routine de maman. C’était tellement confortable qu’après l’anesthésie, on s’endormait presque avec la fraise qui travaillait sur les dents. Les attaquants n’ont pas le droit de penser aux cartons rouges, et encore moins de les souhaiter. Vous n’êtes pas seulement un attaquant, vous êtes partout sur le terrain et vous êtes fatiguée. Crevée. Le corps commence à s’affaiblir. Le match est terminé, vous n’avez plus le temps de compter les buts. Les enfants se sont endormis et vous êtes sur le point de vous endormir et de rêver… de rêver de ballons… plus petits.

Cette fois, le jeu change et les règles vont changer aussi. Car votre enfant vient d’apprendre à parler. Aussi d’apprendre le mot le plus important de sa vie : ce petit mot piquant (le mot, pas l’enfant), oui, celui auquel vous pensez en ce moment chère maman, attendez je vais vous donner un autre indice : il est monosyllabique. Et ce n’est pas OUI, même si je sais que vous aimeriez (nous aimerions toutes plus souvent) que ce soit oui. En fait, c’est NON. Un NON retentissant, parfois poignant, venant de la bouche d’un petit ange, quelle ironie, n’est-ce pas ? Et puis… d’autres NON.

C’est ainsi que l’on se réveille avec la raquette de tennis à la main. On ne court plus sur un terrain de football, on court sur un terrain de tennis pour rattraper le compteur (pardon, les balles) de son enfant : maman, je ne veux pas dormir à midi, je ne veux pas cette robe, je ne veux pas les bas à carreaux, je ne veux pas sortir, je n’aime pas la souuuupe ! 

Pendant que vous tenez la raquette et que vous apprenez le tennis pour gérer du mieux les NON de votre enfant, vous attrapez des balles dans les positions les plus étranges, vous faites une entorse, vous avez de la fièvre musculaire…. Aucune réserve ici non plus, même si cela joue parfois en double.

Au moment où l’on pense s’être habitué à la raquette, au terrain, aux balles lancées partout, que se passe-t-il ? Oui, on passe au niveau suivant, l’enfant grandit, c’est un adolescent et les règles du jeu changent à nouveau, le jeu et tout le reste. 

Maintenant, on passe au niveau suivant : on ne doit plus utiliser notre pied ou notre bras, non, maintenant on utilise ce qu’on aurait dû et aurait utilisé dans le passé au football et au tennis (ou au ping-pong, ça n’a même plus d’importance), maintenant on utilise la tête, parce que maintenant on joue aux ÉCHECS.

Les échecs ne sont pas destinés à tout le monde, c’est un jeu de stratégie, vous devez savoir quelles pièces vous sacrifiez et quand vous choisissez de le faire, comment vous protégez au mieux votre roi, jouez de manière agressive ou défendez-vous simplement, cavalier ou fou, hm…

Vous commencez légèrement, vous êtes confiante, vous choisissez de jouer les noirs et de les laisser ouvrir le jeu (sur l’enfant) parce que vous pensez que cela vous permettra de respirer un peu, mais ce n’est pas le cas, même pas 10 minutes après le début de la partie, vous perdez déjà la dame avec un coup imprudent. 

Il me semble qu’hier, c’était un ballon d’enfant et qu’il était plus facile de jouer au football, parce que le jeu durait plus longtemps et qu’on avait le temps de marquer des points, mais aujourd’hui…

Au moment où vous pansez vos plaies, il voit déjà les graves lacunes de votre défense et vous envahit, il a déjà des troupes (pardon, des chevaux) sur votre terrain. Il vous donne l’échec, même l’échec et la tour. Au foot, vous étiez seule sur le terrain et vous vous plaigniez que vous traversiez, que vous bottiez, que vous commettiez des fautes, que vous donniez des coups de tête. Ici, aux échecs, c’est encore pire car vous êtes envahi par toutes ces belles pièces de bois sculptées, données et vernies.

C’est encore les échecs. On essaie de ne pas s’enfuir avec le roi comme un lâche, mais de sortir de cette situation sans solution en amenant le fou pour défendre le roi, mais on a oublié le cavalier de l’adversaire, et là, on perd le fou parce que la reine blanche l’a pris défendu par le chevalier. Ça y est, c’est ÉCHEC et MAT.  La partie est terminée… si vite. On dirait qu’elle n’a duré que 5 minutes ! La prochaine fois, vous vous rattraperez aux échecs. Au moins à un match nul, si vous n’arrivez toujours pas à le battre. Ou peut-être un PAT…  Oui, c’est ce qu’il vous faut, quel ÉCHEC et MAT, quel REMIZE, même PAT c’est mieux.

Oh, comme le temps passe vite, c’était plus facile au foot…. ou au tennis… À vous de voir…

Que notre vie de mère ressemble parfois à un match de football, de tennis ou d’échecs, l’important est de toujours essayer de s’adapter et d’être ouverte pour apprendre d’eux, de nos enfants. Enfin, quelles que soient les difficultés que nous rencontrons à certains moments du développement de nos enfants, nous ne devons pas oublier de garder notre dose d’humour, car „l’humour nous aide à survivre et non à devenir fous”. (Charlie Chaplin).

Cet article est une traduction adaptée pour mon article en langue roumaine Viata de mama ca un meci de fotbal.

Source photo : archive personnelle

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